Paul Watson, Canadien de 74 ans, célèbre activiste de l'environnement et défenseur des océans, fondateur de l'ONG radicale Sea Shepherd, a été arrêté le 21 juillet au Groenland, territoire dépendant du Danemark. Et ce, suite à un mandat d'arrêt du Japon qui lui reproche des entraves à ses campagnes de pêche à la baleine et des incidents survenus en 2010. Celui qui était le héros de la série "Justicier des mers", partait justement lutter contre le nouveau baleinier du Japon, en campagne de capture dans le Pacifique Nord. Depuis, le capitaine Watson dort en prison. Mercredi 4 septembre, la cour suprême examine sa deuxième demande de remise en liberté. Mais il plane toujours la menace d'une extradition vers le Japon par le Danemark qui est en conflit avec Sea Sheperd sur la chasse aux dauphins. Il répond à nos questions transmises en prison par la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali.
Paul Watson, vous êtes incarcéré depuis le 21juillet au Groenland, sous protectorat du Danemark, suite à un mandat d’arrêt du Japon qui vous reproche des incidents avec un baleinier… En 2010. Comment allez-vous?
Je vais aussi bien que possible quand on est emprisonné injustement. Mais je sais que ce que j’ai fait était la chose juste et je n’ai aucun regret. Mes conditions de détention sont correctes, je ne suis pas maltraité ici, mais si la justice était fonctionnelle, j’aurais été libéré depuis longtemps.
Ce 4septembre, la cour suprême du Danemark examine votre demande de remise en liberté: qu’en attendez-vous?
J’ai peu d’espoirs d’être libéré car le juge refuse de visionner les images qui peuvent m’innocenter. Le magistrat, lors de la première audience du 15août dernier, a refusé de voir les vidéos que mes avocats avaient apportées. Et tout porte à croire que ça sera aussi le cas lors de cette audience.
Si le juge voit ces vidéos, il est obligé de me libérer car elles prouvent que le crime dont je suis accusé n’a pas été commis. Mais ça n’est de toute évidence pas la Justice qui est à l’œuvre ici. C’est une affaire de vengeance. Le Japon veut me punir d’avoir entravé sa chasse baleinière illégale.
Qu’espérez-vous du Danemark qui doit aussi décider de vous extrader ou non au Japon?
Le Danemark est censé avoir un système judiciaire équitable et respecter les droits de l’Homme. S’ils se tiennent à ça et ne cèdent pas à la pression politique exercée par le Japon, alors ils rendront la seule décision juste possible et me libéreront.
Craignez-vous l’extradition demandée par le Japon?
Une extradition au Japon signifie un arrêt de mort pour moi. Le système carcéral au Japon est l’un des pires du monde et il n’est pas possible d’y obtenir un procès équitable. De toute façon, le Japon ne cherche pas à rendre la Justice, ils ont fabriqué des preuves pour faire de moi un coupable et pouvoir se venger. Si je suis extradé au Japon, je n’en reviendrais jamais.
Pourquoi, selon vous, le Japon vous en veut à ce point14 ans après?
Le japon agit par orgueil. Ils pensent que je les ai humiliés en les empêchant de tuer des milliers de baleines et en faisant la série de télé "Whale Wars"qui a exposé leurs actions illégales à des millions de personnes.
Ils savent aussi que je n’ai pas abandonné mes missions et j’étais en route pour les empêcher de tuer d’autres baleines quand ils m’ont fait arrêter par le Danemark.
Le Japon se pense au-dessus des lois, il viole le moratoire sur la chasse commerciale des baleines, il viole le sanctuaire baleinier antarctique. Ils ont été condamnés pour cela mais n’ont eu aucune sanction. Donc, ils se permettent de me traquer avec toute la puissance économique et politique dont ils disposent, pour la seule raison, qu’ils pensent pouvoir le faire sans aucune conséquence.
La mobilisation pour votre cause est forte en France y compris le Président Macron qui vous a défendu, qu’est-ce que cela vous inspire?
Ça me touche que la France se mobilise autant pour ma libération et en même temps, cela fait sens pour moi. La France est une grande nation maritime, patrie de Jules Verne et de Jacques Cousteau.
J’y ai aussi beaucoup d’attaches, je m’y suis installé avec ma famille, j’y ai de nombreux amis et je suis très proche de Sea Shepherd France, qui à mes yeux incarne le mieux l’essence du mouvement Sea Shepherd tel que je l’ai fondé en 1977 (*). Vive la France! (rires).
Le Japon a mis à l’eau en mai le Kangei Maru, plus gros baleinier jamais construit, et qui est actuellement en chasse…
Ce que fait le Japon est strictement illégal. Le Kangei Maru tue en toute impunité des baleines en violation du moratoire et au lieu de l’en empêcher comme j’étais parti pour le faire, je suis coincé ici, en prison. Mais le Japon fait une grave erreur car en m’emprisonnant, ils braquent les yeux du monde sur leurs propres actions.
C’était là mon objectif premier. En cela, ils m’ont aidé, malgré eux, à atteindre mon objectif. J’espère maintenant que le monde va se lever pour dire: “STOP”. Ce que je ne peux plus faire parce que je suis en prison, c’est à nous tous, tous ensemble de le faire. C’est notre responsabilité commune. Si mon sort peut servir à éveiller les consciences sur la chasse baleinière, rien n’aura été vain.